Le syndrome de l’imposteur est clairement issu d’un manque de confiance (en soi, en ses capacités). Un doute quasi pathologique sur ses propres réalisations probantes. Une tendance à attribuer la réussite des actions mises en place à des facteurs extérieurs (chance, circonstances exceptionnelles…).

Ce sentiment inconscient prendrait sa source dans le fait d’être continuellement soumis (dès l’enfance par exemple) à des croyances que certains jugeront adéquates pour stimuler le développement de l’Autre.

« Si tu ne fais pas de longues études, tu ne réussiras jamais ta vie professionnelle »

Ce genre de message qu’on a entendu au moins une fois dans sa vie si on a des parents peu enclins à travailler à faire développer notre estime et notre confiance en soi.

  • Dans le cadre familial, on surestime l’intelligence

Dans certaines familles, on valorise excessivement l’intelligence pour réussir sa vie. Elle ne serait souvent pas liée au travail ou à l’effort, de fait les enfants doivent être doués de manière naturelle. Ce genre de paroles, entendues au quotidien, s’immiscent et s’ancrent dans l’esprit. On assimile alors l’idée qu’il faut réussir à tout prix, l’échec est diabolisé. Résultat, le schéma de performance est fortement lié à la peur de l’échec contrairement à un schéma d’apprentissage dans lequel l’erreur permet de mieux faire par la suite, de s’améliorer.

  • Ne pas valoriser les qualités des enfants

Nous ne sommes conscients aujourd’hui, c’est une erreur dont on ne perçoit les conséquences que bien plus tard. L’enfant qui ne reçoit aucun message positif de son entourage proche a tendance à éluder ses capacités. Son estime de soi est relativement faible et c’est compliqué pour lui de s’attribuer une image de soi positive. Adulte, il pourrait avoir des difficultés à attribuer ses réussites à ses compétences, ce qui est normal compte tenu des circonstances.

  • Les avis contradictoires

Ce n’est pas forcément courant mais il peut arriver que le cercle familial trouve l’enfant particulièrement doué, et l’école ou l’équipe d’enseignement comme étant dans la moyenne des enfants. Dans ce cas particulier, pour faire face au doute, l’enfant pourrait intégrer l’opinion négative comme étant davantage fiable (c’est rassurant car si ça échoue ce ne sera pas de son fait mais de celui de la fatalité… Puis c’était prévisible, les adultes l’ont dit…). Les autres adultes, ceux qui ont une opinion positive de ses aptitudes le feront pour ‘lui faire plaisir’…  Les avis et effets contradictoires affiché peuvent s’avérer néfaste pour la construction de l’estime de soi de l’enfant et donc par ricochet, être le point d’ancrage du sentiment d’imposture.

En psychologie, on pourrait donc dire que les pensées polluantes, mettent le doute sur nos propres capacités et compétences professionnelles, sur la légitimité de nos actions. En ayant le syndrome de l’imposteur, on a tendance à se dire que nos interventions sont à la portée de tout le monde, qu’elles ne méritent ni l’attention, ni l’appréciation voire le salaire qu’on nous donne pour les mettre en pratique. Dans d’autres circonstances, ce complexe est en lien direct avec l’estime de soi, la peur de réussir (inconsciente ou pas).

Ce sentiment de non-légitimité prend de plus en plus de pace dans la société actuelle, en milieu professionnel notamment. Sans aucunes distinctions précises, des étudiants aux salariés souvent bien intégrés dans leur boite. Les récompenses et éléments factuels de succès n’arrivent pas toujours à nous convaincre de notre capacité à bien faire les choses. On doute de soi, autant que de nos aptitudes (chance et hasard rythment les apparitions de réussite). Ce doute, quasi pathologique, fortement ancré en nous est source d’angoisses permanentes. Notamment celle liée au fait d’être un jour ‘découvert’. Parceque nous n’y croyons pas nous même, nous nourrissons la crainte que le reste du monde découvre notre ‘incompétence’.   

Dans une certaine mesure, comme la peur, ce doute peut etre productif, il peut nous inciter à nous challenger, à nous motiver tout en gardant une certaine humilité. Le pendant négatif reste le fait de vouloir compenser cette sensation d’imposture par un travail excessif, stratégie overdoing : on s’investi plus que nécessaire dans une activité classique au travail. L’investissement devient à ce moment l’objet de l’attribution causale. « C’est parceque je me suis autant investi que nous avons eu du succès, pas juste grace à mes compétences » Dans un autre cadre, devenir adepte de la procrastination nous rassure. Stratégie underdoing : on se prépare à l’échec en construisant une explication qui tient la route. En cas de succès on l’attribuera à la chance … Tout est prévu pour ne pas reconnaitre nos propres aptitudes !  

3 points pour reconnaitre le syndrome de l’imposteur

Les psychologue Pauline Clance et Suzanne Ament Imes identifient pour la première fois le syndrome de l’imposteur (ou encore syndrome de l’autodidacte) en 1978. Elles le traduisent en 3 points clés

  •  La victime a l’impression de tromper son entourage sur ses compétences et aptitudes. Il se perçoit donc comme un imposteur, un roublard.
  • Ce sentiment d’imposture tétanise la victime, peur et anxiété à l’idée d’être démasqué le hantent régulièrement
  • Un biais cognitif * pousse la victime à systématiquement faire une fausse attribution causale quand il rencontre le succès. Les causes externes seront mises en avant pour justifier le succès. Celles pour lesquelles on n’a généralement aucun contrôle (chance, sympathie, gentillesse ou encore une mauvaise estime de soi)