Les différentes sphères de vie étant imbriquées les unes aux autres, les accidents malheureux de la vie privée impactent immanquablement la vie professionnelle. Attentats, décès, maladie ou encore accidents. Il est important de réfléchir à comment appréhender ces moments dans notre environnement de travail.

En entreprise et leurs conséquences psychologiques

 

En entreprise il est possible de regrouper les évènements traumatisants sous 3 catégories :

– Celles qui concernent le personnel : décès (accident du travail mortel ou gravissime), suicide ou tentative, violences, ivresse aiguë

– Celles relatives aux conditions matérielles ou techniques internes : incendie, explosion, fuite ou déversement toxique important, effondrement de structures (échafaudages, racks de stockage…), défaillance matérielle

– Celles liées aux catastrophes naturelles : inondations, tempêtes, tremblements de terre …

Ces événements ont pour la plupart des répercussions psychologiques sur les salariés : les personnes touchées sont considérées comme victimes directes (blessées ou présentes sur le lieu de l’accident), indirectes (collègues de travail) ou impliquées (sauveteurs, managers).

Après une longue maladie, un accident, lorsque le salarié reprend le travail il est nécessaire de se montrer rassurant. Manager et/ou Responsable de ressources humaines peuvent le recevoir en tête-à-tête et lui renouveler leur confiance. Même si on a l’impression d’être en pleine forme, la reprise peut être épuisante. On a alors tendance à se sentir coupable de notre faiblesse. La violence de l’événement induit notre état et on en a rarement conscience.

Pour certains, lors de la reprise il est nécessaire de procéder à un aménagement de poste après concertation avec le médecin du travail et le collaborateur. Nombreux sont les cas où ce dernier ne souhaite pas mettre en place cette suggestion, même temporairement, de peur de ne plus être capable de gérer son quotidien professionnel par la suite.  C’est à son responsable de le rassurer et surtout de lui assurer que tout est fait pour que les choses reviennent progressivement à la normale, en tenant compte de sa santé et des exigences du poste occupé.

Quelques pistes d’intervention post-traumatiques en entreprise

 

Après ce genre d’événements, il est important de permettre aux équipes de rapidement retrouver leur capacité initiale de travail. Prévenir les troubles psychosociaux, préserver le climat social et l’image de marque de l’entreprise sont les objectifs d’une gestion de crise en entreprise.

Dans l’optique de conduire une “gestion d’une crise”, il est essentiel d’intégrer :

– une formation adaptée pour l’équipe de “gestion de crise”: compétences, expérience et bonne connaissance des dispositifs existants pour gérer ce type d’événements

– des conseils à l’encadrement (sensibilisation à l’accompagnement des salariés en souffrance, préconisations)

– des entraînements et des exercices pour que des acteurs très différents apprennent à travailler ensemble en amont d’une crise potentielle

En période de crise, la mise en place d’une cellule de crise regroupant

  • le service RH
  • le médecin
  • éventuellement un psychologue extérieur
  • des membres du CHSCT
  • les managers de proximité…

apporte un soutien multifonctionnel capable d’instaurer ou restaurer la capacité de dialogue et de coordination d’actions des individus traumatisés. Cette cellule de crise devra être capable de lancer et de développer des actions simultanées, en se répartissant les tâches à accomplir en urgence.

Un debriefing psychologique individuel et/ou de groupe regroupe des interventions dont l’objectif principal est de réduire la prévalence des troubles émotionnels (permettre d’exprimer les émotions puis amener à accomplir par la réflexion et le soutien, une démarche de compréhension). Dans le debriefing collectif, on essaye de recentrer les émotions sur le contexte et l’environnement de travail. Ce qui fait sens pour le groupe et représente un moyen de rompre le sentiment d’isolement et d’évacuer les fortes émotions collectives avec liberté de parole.

Une communication adaptée, tant en interne qu’en externe, est un enjeu fort pour bien gérer la crise pour ne pas provoquer en plus de vives réactions en raison de propos ou d’écrits mal maîtrisés (déni, exagérations maladroites, compassion insuffisante ou surjouée, fuite devant les responsabilités, débat technique et juridique compliqué masquant la dimension humaine tragique…)

Offrir un soutien psychologique via des cellule de crise, un espace où les collaborateurs pourront se confier à un thérapeute spécialisé est le minimum requis en entreprise dans ces moments douloureux. Cette étape n’est pas obligatoire mais elle permet à ceux qui ont besoin de s’exprimer de le faire tout en gardant la dynamique de l’équipe.

On peut théoriser autant qu’on veut cette thématique mais vivre ces moments permet de se rendre compte de la difficulté de chacun à prendre le dessus sur la douleur.

Les environnements de travail sont des lieux de vie, nos collaborateurs sont probablement les personnes à qui on parle le plus dans la journée, il est normal de tisser des liens et donc de péniblement encaisser les difficultés humaines.