« Il ne faut pas avoir peur. La peur tétanise, elle empêche d’avancer ».

Cette phrase entendue en début d’année a eu une résonnance particulière pour moi. Dans le contexte où elle a été citée, j’étais d’accord mais dans le fond… Doit-on vraiment dire qu’il ne faut pas avoir peur ? Ne dit-on pas que ceux qui vivent le plus longtemps sont ceux qui ont eu peur ? (c’est aussi le cas dans les films et ça se tient… Tout le monde ne peu pas être un héros… ceux qui restent pour raconter/rapporter les faits ont eux aussi mis les voiles à un moment… )  La peur ne sert-elle pas justement de garde-fou ?

Les émotions servent à communiquer avec les autres. Ce sont des indicateurs, des signaux qui soutiennent nos états psycho-physiologiques. La joie, la colère, la peur… toutes ces émotions nous sont utiles au quotidien mais bien entendu, quand elles arrivent en excès, les conséquences sont bien souvent néfastes. Prenons le temps de nous intéresser à la peur.

Cette émotion est très présente dans le monde du travail. Elle a la réputation de tétaniser, d’empêcher d’avancer. Ce qui peut s’avérer contraignant quand on occupe un poste à responsabilités, qu’on a des échéances relativement proches ou juste pour faire face au changement… Salarié, indépendant ou en recherche d’emploi ? même combat.

La peur est définie dans l’esprit commun comme une émotion généralement ressentie en présence ou dans la perspective d’un risque ou danger, d’une menace réelle ou imaginaire. C’est aussi le cas lorsqu’on a l’impression qu’il nous arrivera le contraire de ce que l’on souhaite. On peut même avoir peur de réussir ou d’avoir un fort succès !

Face à la peur, on a tous des réactions différentes. En psychologie, la peur fait référence à un état affectif et émotionnel qui permet à l’organisme de s’adapter à l’environnement.  En effet, « avoir peur » aurait pour fonction la mise en garde. Le corps réagit par une augmentation du niveau d’adrénaline, le souffle court, le cœur qui se met à palpiter… une série de signaux nous obligent à être plus vigilant, à nous préparer … à fuir ou à faire face.

La peur ne devient problématique que lorsqu’elle est handicapante, qu’elle nous empêche de réagir ou d’avancer. Certains parlent même de peur ‘automatique’, celle qui semble instinctive : « Je sais que je ne vais pas y arriver…Je le sens… J’ai l’estomac noué… » face à un évènement inconnu ou que l’on appréhende. Ce type de peur est aussi relatives aux peurs ‘transmises’, celles que la société ou l’entourage nous inocule de manière presque inconsciente, faisant ainsi état de ce dont nous sommes censés nous méfier.

Dans le même temps, les émotions comme la peur peuvent nous aveugler c’est vrai. La tristesse ou la colère (qui sont en général connexes) étant perçues comme des marques de faiblesse à la vie comme au travail, la peur est quasiment soumise au même tarif. Dans le cadre professionnel, la peur peut être liée à un manque d’ambition et la colère comme un manque de maitrise, rarement ces émotions sont perçues comme des indicateurs de vigilance. On a tendance à craindre l’échec mais aussi la réussite, l’autorité ou encore le manque d’autonomie. Et ne parlons pas des craintes contextuelles (à l’instar du chômage). La peur et ses dérivés font partie intégrante des aventures professionnelles. Et pourtant la peur peut être motrice, on anticipe, on prévoit des plans en cas de soucis. On se sent ainsi prêt à réagir de manière efficace face à ce qui nous angoisse.

Les deux versions se tiennent, mais pour ma part, il ne faut pas forcément diaboliser la peur. La peur est un mal nécessaire. Il faut surtout pouvoir être en capacité de comprendre les signes qu’elle déclenche, de gérer efficacement cet état d’alerte pour qu’il nous soit bénéfique.

Surmonter sa peur pour avancer nécessite de l’accepter pour la ressentir.  

À votre avis, que peut-on faire pour faire face à une peur handicapante ?