Déjà 6 ans d’aventure entrepreneuriale, même si je suis ravie du travail accompli, j’ai un peu de mal à me reconnaître dans la représentation qui est faite de « l’entrepreneur ». Le travailleur indépendant est souvent assimilé à des clichés : rêveur, grand patron ou encore startupper tendance… La réalité est vraiment mois glamour, elle se vit au quotidien. La distorsion entre la théorie et la réalité est bien présente et on en tire des leçons chaque jour.

En effet, tous ceux qui se mettent à leur compte parlent beaucoup des bénéfices, valorisant la prise de risque, et minimisant parfois les difficultés rencontrées. Depuis peu cependant, ceux qui ont connus des échecs présentent aussi leur expérience et on se rend compte alors que le parcours est jonché de nids de poule. Parmi les leçons apprises jusqu’ici, voici le top 3 des choses auxquelles j’aurais aimé être préparée. Ça n’aurait peut-être rien changé aux faits, mais ça m’aurait certainement permis de réduire la casse et d’apprendre avec moins de bleus.

Ces clients mauvais payeurs

Voila une situation qu’on ne souhaite à personne ! Surtout quand on est une petite structure ou qu’on démarre l’aventure.  C’est assez contrariant !

Curieusement on croirait que les grandes entreprises ou les personnes d’un certain âge sont plus fiables en affaires. Il n’en est rien, gardez à la tête une seule règle : contrat et conditions de retard de paiement. Ceci doit s’appliquer à toutes les personnes avec qui vous vous mettez en affaire. Nul n’est à l’abris d’un souci. En France, selon le rapport annuel de l’Observatoire des délais de paiement dévoilé par Les Echos , les retards de paiement sont responsables de 25% des faillites. Et les grandes entreprises n’ont pas forcément bonne presse. Pour rendre ces moments moins douloureux, il existe des solutions. Comme pour les solutions d’assurance et de prévoyance, on a tendance à se dire qu’il ne nous arrivera rien de ce genre. C’est ce que je me suis dit jusqu’à ce que je me retrouve avec un trou de 12 K € dans ma trésorerie pour les 3 ans d’existence de la structure. Toutes les émotions y passent, puis on décide d’être plus prudent pour la suite de l’aventure. Affacturage, pénalités de retard, assigné en référé, il existe des solutions pour faire face à ce genre de situations et il faut les prendre dès le départ. D’ailleurs nous en avions parlé sur le blog il y a quelques mois « Ces clients mauvais payeurs » . à lire, relire régulièrement pour garder ces solutions en tête. Ça n’arrive pas qu’aux autres.

Ces moments ubuesques avec l’administration.

Quand on se lance, on a tendance à se dire (avec raison probablement) que nous apportons notre pierre à l’édifice de l’économie. On en est fier. Tout se passe à peu près bien jusqu’à ce qu’on se mette à faire du chiffre et à avoir affaire à l’administration. Pour ceux qui n’ont pas eu les bases en préparation ou qui ne sont pas accompagnés d’experts, il y a des chances que vous passiez des heures à demander des explications à vos interlocuteurs : URSSAF, RSI, CIPAV, IMPOTS …

En fonction des interlocuteurs il y a des chances d’avoir une réponse différente, de quoi vous rendre chèvre. Particulièrement stressant quand vous avez une autre administration qui vous demande ces renseignements pour clore votre dossier. Je me souviens d’un document demandé par la préfecture, un document obligatoire, dont personne n’avait entendu parler à l’URSSAF ou même aux impôts. Il a fallu faire une attestation sur l’honneur de non existence du document, signée et cacheté par le service des entreprises pour que l’on consente à faire sans. En vrai, il faut absolument se faire accompagné d’un expert quand on n’est pas très à l’aise pour dialoguer avec l’administration.  Certains professionnels proposent en plus de leurs services de base de faire le lien avec l’administration, comme pour les assurances, au démarrage on a l’impression que c’est de l’argent jeter par les fenêtres mais non. Ça s’appelle de la prévoyance et ce ne sera pas cher payé si jamais il vous arrive d’en avoir besoin.

Ces moments de sur-sollicitation

Vous avez monté une start-up ? vous vous lancez dans l’entrepreneuriat ? dans un premier temps vous aurez un flot de remarques peu constructives et négatives. Certains viendront même vous faire entendre raison, « pour votre bien et celui de votre famille », « pour vous aider à trouver une vrai travail ». Ceci jusqu’à ce que vous gardiez le cap et que vous arriviez à faire du chiffre, à avoir des employés ou juste à payer vos factures sans appeler les parents à l’aide. Après arrive le temps on vous prend pour un BOSS, et vous devenez sur sollicité. Non plus pour vous mettre en garde mais pour vous demander de ‘trouver une stage’ à une personne de la famille ou ‘faire jouer vos contacts pour aider oncle untel à retrouver un travail’. Les invitations pleuvent, et même si c’est flatteur au départ, vous vous apercevrez vite que c’est chronophage et surtout que toutes ces invitations ne vous seront pas utiles. Celles qui vous font miroiter des opportunités d’affaires, font surtout la plupart du temps celles des organisateurs. Comme dans la vie privée, quand on se lance dans l’entrepreneuriat, il faut choisir ses combats.

Malgré tout, je ne regrette pas de m’être engagée dans cette voie. Ce que j’ai appris aujourd’hui, je ne l’aurais pas su autrement. Je n’aurais certainement pas le regard que j’ai sur les indépendants et encore moins la rigueur que je m’impose au fil de l’eau. Une fois qu’on y est, il est difficile d’en sortir indemne. Les mentors, role model et autres sources d’inspiration arrivent à faire entrevoir de multiples possibilités pour surmonter les moments de galère. 

Choisir d’entreprendre ne doit absolument pas être un choix par défaut, c’est être conscient que vous aurez les mains dans le cambouis plus souvent qu’autour des coupes de champagne. Vous allez devoir créer votre propre aventure et il va falloir mouiller le maillot. Votre aventure évoluera au gré des rencontres, des opportunités saisies, des échanges et des envies. Vous devrez être en veille permanente, agile, innovant et surtout garder autour de vous une énergie positive. Voilà ce que je sais aujourd’hui et que je m’efforcerai de mettre en pratique pour les années à venir.

Et vous, quelles leçons avez-vous retenues de votre aventure entrepreneuriale ?